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Qu’auriez-vous fait si, ayant pour ambition ultime d’accéder à la magistrature suprême, vos six petites années passées au sein de l’opposition vous ont usé plutôt que grandi, et qu’après moult manœuvres vous n’arrivez toujours pas à arracher le gros lot car plus grands (ou plus forts) que vous auraient plus de chance de l’emporter dans une compétition normale?

Ajoutons qu’en plus, vous disposez pourtant non seulement d’un CV à faire pâlir d’envie beaucoup de vos pairs, mais aussi un ego surdimensionné qui vous empêche d’accepter de jouer les seconds rôles…

Pour réponse, alors que certains, étant incapables de supporter indéfiniment la frustration qui en découle, choisiraient de tout laisser tomber et de changer de métier, d’autres par contre prendraient leur mal en patience et continueraient de travailler sur le terrain, en attendant que le vent tourne en leur faveur…

Vital Kamerhe aurait-il fait tomber les masques ?

En Afrique, ce ne sont pas les moyens de prendre le pouvoir (ou d’y rester illégalement) qui manquent : coup d’Etat et la fraude électorale (ou  » faux penalty  » en jargon congolais) sont du nombre. Or il n’est pas donné à tout le monde d’organiser (et réussir) un  » faux penalty  » à volonté.

C’est pourquoi, à défaut de le faire soi-même, et pour une fois conscients de leurs limites, il en est qui optent pour collaborer avec ceux qui détiennent l’imperium… tout en étant officiellement dans l’opposition!

Quitte à faire la danse du ventre aux détenteurs de la mangeoire (pardon: pouvoir) et brouiller les pistes en même temps. C’est la formule « ne leur dites pas que je suis au pouvoir, ils me croient au sein de l’opposition ».

Au regard des derniers développements de l’actualité, le président de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) a donc choisi le rapprochement avec le gouvernement.

Pour la forme il a déclaré avoir  » choisi l’apaisement  » sans que l’on sache s’il  » apaise  » le pouvoir en lui servant de crédit ou les millions de congolais  …

Plus rusé que lui, tu meurs!

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Déjà les premiers effets collatéraux sont là : son exclusion de la plateforme Dynamique de l’opposition et la démission de Jean-Bertrand Ewanga de ses charges du secrétaire général du parti le 30 août dernier.

L’édifice craque mais s’en émeut-il? Pour un homme ambitieux ou tout disciple de Machiavel, c’est du business as usual:  on ne fait pas d’omelette sans casser les œufs …

Avec un peu plus de 7% lors des présidentielles de 2011, à moins de fantasmer, au vu de la réalité sur le terrain, Kamerhe ne peut sortir vainqueur aux prochaines élections. La popularité d’Etienne Tshisekedi n’est pas une vue de l’esprit. Derrière lui, Moïse Katumbi est un autre obstacle difficile à franchir. Là aussi un autre combat perdu d’avance.

Que faire alors ?

Au regard de la Constitution actuelle, le chef de l’Etat est non partant pour un troisième mandat. L’ancien président de l’Assemblée nationale serait-il le prochain Premier ministre de la Transition et à terme le candidat de la Majorité Présidentielle (MP) aux échéances à venir ?

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L’on sait qu’en Afrique, au nom du curieux principe selon lequel  » l’on ne peut organiser les élections pour les perdre ensuite « , la Majorité au pouvoir, quoiqu’étant une minorité sociologique, aurait la chance de se succéder à elle-même. Par  » faux penalty  » interposé s’entend.

Question : en optant pour le dialogue national dans sa forme actuelle, sans préalables aucun, Vital Kamerhe a-t-il fait tomber les masques et retourné officiellement à la maison? A-t-il tenu à suivre les traces de Nguz Karli bond, l’ancien Premier ministre katangais ?

Dans ce cas, si le pouvoir lui est offert sur un plateau, qu’offrirait-il en retour? Serait-ce de se démettre après un mandat selon la méthode Poutine ou autre chose?

Alors qu’en soi déjà la politique n’a que faire de bons sentiments, dans un pays plombé par une crise morale sans précédent qui perdure depuis les années Mobutu à ce jour sans une voie de sortie possible à l’horizon, la politique en RDC est un sport où les grands écarts, les reniements, l’opportunisme et la roublardise triomphent dangereusement.

La Troisième voie : faire partie de «   l’opposition proche du pouvoir «  ?

En Afrique, face aux pouvoirs qui ont pour règle la pratique de l’arbitraire, d’une manière générale les oppositions ont choisi (avec un succès mitigé) de se tenir loin du pouvoir tout en espérant une alternance.

Mais sur le continent Noir ceux qui gagnent les élections (quels qu’en soient les moyens) gagnent en même temps tout : la mangeoire, les honneurs et le prestige, l’immunité, presque tous les droits (et peu de devoirs), sans parler de nombreux avantages, comme celui d’opprimer les populations, ou d’user et d’abuser des média publics et des lois.

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En même temps, ceux qui perdent les élections perdent en même temps tout : leur dignité (souvent), leur liberté (parfois), leurs droits, comme celui de s’exprimer sur les média publics … devenus propriété des auteurs du  » faux penalty « , et tout avantage, etc.

Aussi, la perspective de faire l’opposition est déplaisante  à 90% … d’opposants  congolais car moins  » rentable  » et donc synonyme du bénévolat! Ainsi comme des balles de ping-pong ils vont et viennent (officiellement ou officieusement) entre le pouvoir et les plateformes d’opposition. Ils sont  » opposants le jour et membres de la Majorité la nuit « , vivant des informations qu’ils apportent à ceux qui les payent à la manière des journalistes pigistes !

A défaut d’être des opposants, ils sont en réalité … en mission au sein de l’opposition, envoyés par le pouvoir afin de l’affaiblir et la noyauter.

Les observateurs impartiaux qui ont suivi la carrière politique en demi-teinte de Vital Kamerhe reconnaitront qu’il avait choisi dès le départ une stratégie étrange: opposé à toute union de l’opposition et plus agressif à l’endroit de ses pairs opposants que face au pouvoir qu’il était pourtant sensé combattre en premier lieu.  kamerhe

Il n y a qu’à lire les titres des journaux et sites d’informations ci-dessous pour voir que ce n’est pas le régime qui a changé mais l’intéressé lui-même qui change des points de vue.

 » Pour que [le président] Kabila change de Constitution, il devra marcher sur mon cadavre  » (site web CongoIndependant.com du 8/5/2014)

«  Vital Kamerhe promet de mobiliser le peuple pour exiger le départ de Kabila «  (Jeune Afrique du 27/1/2016)

«  Joseph Kabila veut nous tendre un piège «  (Jeune Afrique 7/7/2015)

 » Vital Kamerhe change de ligne pour jouer la carte de l’apaisement  » (Jeune Afrique du 17/8/2016)

Serait-ce que celui qui déclarait au site web Afrikarabia le 17/10/2014 que  » nous devons éviter d’être une opposition qui dit  » non  » à tout  » a trouve le moment approprié d’abattre ses cartes en devenant un opposant qui dit  » oui  » à tout?

A SUIVRE